Qu’il s’agisse de communication nationale ou locale, le support papier (prospectus, flyer ou encore profession de foi) reste le garant de l’universalité de l’accès aux messages des collectivités et des politiques. Si besoin est, la démonstration en a de nouveau été faite lors des récentes élections présidentielles.
À un moment où l’expérimentation « Oui-pub » envisage de limiter la diffusion des prospectus aux seules boîtes aux lettres des personnes qui l’auront souhaité, le législateur se retrouve face à un paradoxe. Car lorsqu’il s’agit de faire passer des messages à l’ensemble de la population, notamment lors d’élections locales ou nationales, mais aussi pour alerter sur des événements importants, toutes les études montrent que seul le papier distribué toutes boîtes permet d’assurer l’universalité du message. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle les prospectus et flyers des collectivités locales notamment, sont exclus jusqu’à présent du premier dispositif « Stop-pub ».
Il n’est donc pas étonnant que le papier reste le premier moyen d’information locale des Français, comme l’a démontré une nouvelle fois le Baromètre Epiceum – Harris Interactive de la communication locale, réalisé fin 2020 en partenariat avec La Poste, Cap’Com et l’Association des Maires de France (AMF). Le magazine de la collectivité est ainsi par exemple le meilleur moyen de s’informer pour 71% des personnes interrogées.
Avoir accès aux programmes des candidats à une élection, qu’elle soit locale ou nationale, deviendrait problématique si le digital devenait le principal – et même le seul – moyen de communication. Le législateur
en est d’ailleurs bien conscient, puisque l’État continue à prendre en charge l’impression des professions de foi et l’envoi des quelques 48 millions de plis nécessaires à la bonne tenue des scrutins.
Pour la dernière élection présidentielle, sur une facture globale pour l’État qui devrait s’élever à plus de 250 millions d’euros selon le ministère de l’Intérieur, le budget prospectus est de loin le plus important : plus de 200 millions d’euros, dont près de 65 millions d’euros pour la seule mise sous plis (800 000 heures de travail à chaque tour de scrutin). En 2016, le gouvernement de Manuel Valls avait proposé la fin de l’impression des professions de foi des candidats pour le remplacer par un site internet dédié. Un projet qui avait soulevé des réactions violentes de la part de l’ensemble des partis politiques, le considérant comme une « atteinte à la démocratie ».