Avec des outils comme Google Assistant, Amazon Alexa ou Apple Siri, la liste de courses prend une nouvelle dimension. Pratique et rapide, la recherche vocale s’impose comme une modalité d’entrée en relation qui n’a plus rien d’anecdotique. Faire ses courses est même devenu la deuxième application des enceintes connectées après la météo (1) !
Pour les consommateurs, c’est un changement majeur. Et pour les annonceurs, le commerce vocal est une révolution ! Passer du parcours d’achat au dialogue d’achat suppose d’adapter fortement sa stratégie de contenu.
Si vous voulez entendre des voix, il faut vous organiser pour bien écouter !
57 % des Français comptent sur les assistants vocaux pour leur faciliter les courses (2). Cette attente s’inscrit dans la longue perspective de la simplification des usages, toujours plus mobiles et connectés. Alors qu’on peut déjà acheter en e-commerce en un clic, l’intuition du consommateur est qu’un parcours exclusivement vocal sera encore plus fluide.
L’intuition semble bonne ! Le recours à la voix simplifie l’expérience client, d’une part, parce que le langage est naturel ; d’autre part, car la situation est choisie par le consommateur. L’achat est déclenché au moment où le besoin est ressenti, qu’il naisse de la lecture d’une recette de cuisine ou corresponde à une disponibilité de la personne.
Le mode vocal permet de placer les achats dans le quotidien de chacun.
Cela est d’autant plus vrai que l’achat vocal est interactif et dans le langage du locuteur. Par des questions, l’assistant vocal conduit le consommateur à préciser son attente, ce qui améliore en retour sa satisfaction. Par des suggestions et des recommandations, en fonction de son historique et des opportunités offertes par les marques et enseignes, l’assistant vocal optimise l’expérience du client.
Dans le monde, la part des dépenses effectuées via des assistants vocaux devrait passer de 3 % en 2017 à 18 % en 2021 (contre 45 % pour le commerce physique et 37 % pour les achats en ligne). Plus d’un tiers des consommateurs utilisent déjà leurs assistants vocaux pour acheter des produits de consommation courante : nourriture, produits d’entretien et vêtements (4).
Plus de 35 millions d’Américains utiliseraient au moins une fois par mois une enceinte connectée, et presque la moitié d’entre eux s’en seraient déjà servi pour acheter un produit de vive voix (5).
En pratique, le shopping vocal est très adapté aux produits courants, bien identifiés et à forte récurrence (6). À ce jour, les trois catégories de produits les plus vendues par ce biais sont:
Sous l’impulsion de Google et d’Amazon, qui ont les premiers en France proposé des plateformes ouvertes aux développements d’applications dédiées, nos principales enseignes alimentaires et non alimentaires ont déjà intégré le commerce vocal dans leur approche commerciale.
Une quarantaine d’entre elles ont développé une application compatible avec au moins l’un des principaux standards du marché, ou sont en train de le faire.
Pour la plupart des projets, il ne s’agit pas encore à proprement parler d’achats mais plutôt de la possibilité de dicter ou de compléter une liste de courses et de bénéficier de suggestions, de conseils et d’informations.
Concrètement, l’achat vocal se passe en quatre temps :
Monoprix fait figure de pionnier, grâce à un partenariat avec Google dès novembre 2017. Carrefour, Leclerc et Auchan l’ont rejoint en 2018, toujours avec Google.
En non alimentaire, LSA recensait en août dernier sept applications vocales opérationnelles, compatibles avec Google Assistant (8) : Boulanger, Carrefour, Cdiscount, Fnac Darty, La Redoute, Monoprix et Sephora.
L’utilisateur n’a pas besoin de télécharger ces applications vocales. S’il possède un équipement fonctionnant avec l’assistant choisi par l’enseigne, Google par exemple, il lui suffit d’énoncer à voix haute « ok Google, mets-moi en relation avec… ».
En France, remplir son panier de courses et le payer à la voix uniquement est prévu pour… cette année ! Les distributeurs français annoncent tous vouloir très vite dépasser la première étape et proposer des expériences totalement abouties de commerce vocal.
Les plateformes fourbissent leurs innovations technologiques, ou plus exactement transcrivent dans le contexte français et européen ce qui fonctionne aux États-Unis ou en Chine. Google, profitant de sa position favorable sur le marché français, et de ses nombreuses collaborations, a multiplié les annonces en 2018 ; à l’instar de Google Express, application dédiée au règlement vocal des achats, ou du projet « transactions », expérimenté avec Fnac, Darty, Sephora et Oui.SNCF (9).
Les solutions fonctionnent et les consommateurs sont prêts. 28 % des utilisateurs d’assistants vocaux s’en sont déjà servis pour effectuer un paiement ou envoyer de l’argent. 44 % des possesseurs d’enceintes connectées, dotées de plus en plus fréquemment de fonctions intelligentes telles que le paiement par carte de crédit piloté à la voix, se déclarent intéressés à réaliser des opérations bancaires (4).
La prudence de l’avancement des projets en France est liée à la nécessité de se conformer aux règles de sécurité et de confidentialité européennes. Par exemple, confirmer un accord de paiement ou même une prise de rendez-vous en tapant un code sur son mobile est une contrainte qui fait sortir de l’expérience 100 % vocale. Mais cette précaution est pourtant incontournable dans l’hexagone. Google annonce d’ailleurs travailler sur une solution d’identification des consommateurs via leur empreinte vocale (9).
La différenciation par le service a autant d’impact dans le commerce vocal que dans le shopping réel.
Par exemple, Auchan intègre dans son application une fonction qui renseigne sur les accords mets-vins. 1 200 références sont d’ores et déjà disponibles.
Léa, l’application vocale de Carrefour, ajoute quant à elle des informations sur les magasins à proximité (adresse, horaires, itinéraires…) lors de l’enregistrement des commandes.
Le commerce vocal fait passer du parcours d’achat au dialogue d’achat. Abandonnant la consommation de masse, il se concentre sur l’expérience client et s’adapte à chaque individu.
Pour tenir ses promesses, l’interaction avec l’enseigne doit être forcément pratique et personnalisée. À travers l’assistant vocal, l’enseigne devient un véritable partenaire de shopping ou de service, qui connaît notre histoire, nos préférences, nos habitudes.
Elle nous écoute, comprend nos attentes, comprend où nous en sommes dans la réflexion – en distinguant en particulier la phase de réflexion (« quelle est la destination la plus cool pour passer 15 jours au soleil en famille ? ») de la phase d’achat (« trouve-moi un week-end sympa pour deux dans deux semaines ! ») – nous aide à prendre des décisions avisées mais sait également nous faire découvrir de nouvelles sensations…
Certains articles, pour souligner la relation de confiance qui s’établit avec le consommateur, désignent même les assistants vocaux comme des majordomes. Il faut répondre à tout, tout de suite, avec précision et attention.
Synthèse d’un article publié sur le site de l’Usine Digitale en septembre 2018 (10)
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Capter la voix du consommateur n’est pas qu’une prouesse technologique. Vocal, le commerce gagne en simplicité, en proximité. Le client veut être servi selon ses codes, son vocabulaire, son histoire… Si l’intelligence artificielle sait évaluer son envie avec subtilité, il faut que la marque et/ou l’enseigne se mettent en capacité de prendre en charge cette finesse.
La conversation sera d’autant plus riche que vous aurez adapté votre contenu en conséquence. Ne prenez pas le risque que le commerce vocal ne soit pour vous que des paroles en l’air !