La Revue du Prospectus s’attache à dresser les portraits de celles et ceux qui font vivre la chaîne de valeur de l’imprimé publicitaire. Les distributeurs en boîte aux lettres sont les derniers maillons de cette longue chaîne, au contact du terrain et des lecteurs. Patricia Lhéritier travaille à la plateforme de Saint Thibault des Vignes (77) de MEDIAPOSTE – et elle a accepté de nous partager son expérience de distributrice. Portrait d’une énergique retraitée-active.
J’ai 65 ans. J’ai débuté ma carrière en tant que secrétaire dans l’industrie pharmaceutique où j’ai évolué pendant 30 ans dans différents métiers : marketing, formation, événementiel communication. Licenciée lors d’un plan de sauvegarde de l’emploi en 2004, j’ai suivi différentes formations et me suis réorientée. J’ai alors créé mon entreprise – un centre de bronzage et d’esthétique. Après 10 années très riches d’enseignements – mais aussi d’embûches ! – j’ai dû ‘déposer le bilan’ de mon entreprise en 2015. Pour moi, il était inconcevable de vivre d’aides. J’ai un jour rencontré une distributrice avec qui j’ai échangé et qui m’a indiqué les coordonnées de MEDIAPOSTE. J’ai donc postulé et démarré très rapidement comme distributrice à la suite de ma candidature.
Mon expérience passée dans la formation m’a permis d’exercer rapidement la fonction de tutrice en complément de celle de distributrice. Cela consiste à former sur la plateforme et sur le terrain les nouveaux distributeurs ainsi qu’à réaliser l’étalonnage des secteurs : saisir les nouvelles rues, les nouveaux immeubles, le nombre de boîtes à adresser en tenant compte des Stop-Pub, etc. Nos tournées sont suivies grâce à des tablettes numériques et un logiciel spécifique, il faut donc assurer les mises à jour des données car les quartiers changent beaucoup. En termes de planning, nous sommes libres dans notre organisation, mais les contrats clients prévoient que les prospectus soient distribués avant le mercredi soir.
En octobre dernier j’ai pris ma retraite et puis… Je suis revenue pour quelques mois en CDD ! Je termine prochainement mais j’envisage de reprendre un CDD dans quelques temps, c’est un complément de revenu et un métier de contact que j’apprécie.
« Nous avons un rôle social »
Il y a de tout : les contrats vont de 7h à 24h en CDI. Ainsi, certaines personnes font un petit nombre d’heures en complément d’un autre boulot pour améliorer leur quotidien, un sujet encore plus flagrant en ce moment. Parfois, avant l’été on a des étudiants qui cherchent à gagner un peu d’argent pour leurs vacances. Il y a aussi des retraités pour qui c’est un appoint. Je me souviens d’un collègue de 80 ans qui ne voulait pas s’arrêter ! Pourtant c’est un métier physique, on marche beaucoup, il faut porter les prospectus, ça entretient mais ça use aussi.
Comme dans tous les métiers de contact, il y a des gens agréables et d’autres moins. Certains décrient l’aspect environnemental de l’usage du papier. Je leur explique que nous ne gaspillons pas, les prospectus que nous distribuons sont imprimés sur papier recyclé en quantité adaptée en fonction des Stop-Pub et des secteurs adressés. Je vois surtout que nous avons un rôle social : les personnes, notamment les plus âgées, attendent leurs prospectus ! Elles repèrent les promotions, préparent leur liste de courses avant de se déplacer en magasin. Ces personnes sont inquiètes d’entendre les déclarations sur l’arrêt possible de l’imprimé papier, parce qu’elles ne sont pas à l’aise avec les outils numériques. Moi, je suis d’une nature sociable, alors, quand les gens ont envie de discuter un peu, je prends le temps d’un café ou d’un petit échange. C’est important, non ?