Julien Raynaud co-dirige « Raynaud imprimeurs » avec son frère depuis une quinzaine d’années. PME de 30 salariés, cette aventure entrepreneuriale familiale s’est transmise sur 3 générations depuis sa création il y a 70 ans. Pour La Revue du Prospectus, Julien Raynaud – en charge de la partie commerciale – a accepté de nous décrire ce qui forge son quotidien, celui de l’entreprise et sa vision sectorielle.
Raynaud imprimeurs est une entreprise familiale située dans les Deux-Sèvres et créée il y a 70 ans par mon grand-père. Ce dernier l’a cédée à mon père, qui, à son tour, nous l’a transmise, à mon frère et moi, entre 2005 et 2008, avant de nous laisser prendre totalement les rênes. Pour ma part, après avoir fait une école de commerce, j’étais à l’époque salarié d’un grand groupe et j’évoluais dans le marketing et la communication. Aujourd’hui je m’occupe de la partie commerciale de l’entreprise. Raynaud Imprimeurs est ce que l’on appelle dans notre secteur « un imprimeur de labeur », ce qui signifie que nous réalisons des travaux généralistes, de type feuillets, dépliants ou brochures. Nous travaillons en impression numérique et offset, en courts et moyens tirages.
J’ai travaillé dans des grands groupes un peu déshumanisés. Aujourd’hui l’entreprise que je dirige se situe dans la ville où mon grand-père l’a créée. C’est une entreprise à taille humaine, avec des rapports de proximité. À titre personnel cela « fait sens » de la faire perdurer, de porter ses valeurs. Dans les salariés, il y a des gens qui y travaillaient avant que j’arrive et qui sont très impliqués. Avec certains collaborateurs, pendant nos plus jeunes années nous sommes allés à l’école ou avons pratiqué du sport ensemble. À l’heure où on parle beaucoup de RSE, cet aspect-là est important pour moi.
D’abord, je préfère parler d’imprimé publicitaire, car je trouve le terme prospectus assez dévalorisant. Notamment parce que le secteur s’est professionnalisé et a beaucoup progressé en termes de créations graphiques ces dernières années. Ensuite, si je peux dire que nous avons traversé des secousses récemment, avec le Covid, puis l’augmentation du prix des matières premières avec la guerre en Ukraine et la crise énergétique, en fait, nous allons depuis longtemps de crise en crise.
Au début des années 2000 on nous promettait la disparition du papier au profit du digital, on se rend compte aujourd’hui qu’on est plutôt sur une complémentarité. Ce que j’ai observé également, c’est que notre secteur de la chaîne graphique a très tôt fait un gros effort pour réduire son impact sur l’environnement, avec une gestion durable du bois, le recyclage des déchets (chiffons, palettes, eau de mouillage…). Notre industrie s’est même auto-organisée pour la création du label imprim’ vert (NDLR : en 1998). Aujourd’hui il y a de nombreuses réglementations en vigueur mais il faut se souvenir qu’il y a 20 ans, on en était loin ! Même s’ils ne sont pas tous labellisés PEFC ou FSC, chez Raynaud Imprimeurs 95% environ des travaux que nous réalisons sont imprimés sur du papier issu de forêts gérées durablement et bien entendu nous sommes labelisés Imprim’vert. Cela fait également 30 ans déjà que nous utilisons des encres d’origine végétale, comme un grand nombre d’imprimeurs en France.
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Je pense que l’on aura toujours besoin du média papier. Et même si de grandes enseignes de distribution disent vouloir arrêter l’imprimé publicitaire, sur le terrain, localement, il y a toujours des commerçants, des artisans qui en ont et en auront besoin. Avec l’expérimentation OUI Pub, on va en effet vers davantage de ciblage, on a une baisse de pagination, une baisse des volumes, mais le besoin perdure.
Notre valeur ajoutée, en tant qu’imprimeur de proximité, aujourd’hui, est dans le service. Notre agilité, notre réactivité, notre adaptation aux besoins et attentes de nos clients, ce sont nos atouts. On ne dit jamais non à un client, on trouve des solutions.
Il est difficile de prédire l’avenir, mais par exemple, lorsque les e-newsletters sont arrivées au début des années 2000, on a dit que le format papier était terminé, alors que nous constatons depuis 5-6 ans, un retour de la lettre papier. C’est ce qui nous fait dire chez Raynaud que « le papier est loin d’avoir tourné la page » ! En revanche, en termes de compétences et de ressources humaines, c’est un secteur où les gens vieillissent et qui a du mal à attirer les jeunes générations, et ça c’est un sujet de préoccupation. Mais cela fait des décennies que notre secteur s’adapte aux évolutions, alors nous allons continuer !