L’usine de Norske Skog, à Golbey dans les Vosges, est la dernière à produire du papier journal sur notre territoire. Un produit issu notamment du tri et du recyclage des papiers et magazines. Zoom sur un acteur de l’économie circulaire qui profite pleinement au prospectus.
La dernière papeterie française à produire du papier journal utilise notamment comme matière première les papiers à recycler.
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Le groupe Norske Skog, un des leaders du secteur papetier, compte quatre sites de production en Europe dont un en France à Golbey, dans les Vosges. C’est d’ailleurs le premier site de production implanté en-dehors de la Norvège, le pays d’origine de l‘entreprise, en 1992.
Il possède aujourd’hui sur ce site deux machines de production de papier journal à destination de la presse et de la grande distribution. Norske Skog Golbey est le plus grand producteur de papier journal en Europe de l’Ouest avec une capacité de 580 000 tonnes par an et le dernier à pouvoir revendiquer le label Made in France, « qui nous tient particulièrement à cœur » assure Muriel Caniez, Directrice du bureau de ventes Norske Skog France Benelux.
L’entreprise emploie environ 350 salariés et revendique plus d’un millier d’emplois induits.
Un argument qu’entendent certains acteurs économiques significatifs : l’assureur MAIF mettait en avant « son choix Made In France » dans sa newsletter de Juin 2021, « un moyen d’agir en faveur de la planète et de l’emploi [en choisissant] des papetiers français et écoresponsables ». « Être connectés à notre territoire, en continuant à soutenir son développement et son attractivité, est une des composantes de notre responsabilité d’entreprise » souligne Muriel Caniez. Un engagement qui visiblement parle aux entreprises.
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Plus largement, le papier produit sur le site vosgien est vendu à des éditeurs de presse ou à la grande distribution. Il est donc essentiellement utilisé pour l’impression de journaux ou de prospectus, qui, une fois lus et utilisés, seront dans leur grande majorité remis dans la boucle du recyclage via la collecte sélective auprès des ménages.
« Aujourd’hui, le taux de recyclage dans le secteur papetier est de 71.6 %, ce qui en fait le produit le plus recyclé en Europe » précise la Directrice du bureau de ventes.
Les papiers utilisés par l’usine de Golbey pour la production de papier journal sont majoritairement composés de journaux, revues, imprimés publicitaires et magazines issus à 80 % de la collecte sélective auprès des ménages français et 20 % auprès du circuit industriel (invendus, chutes d’imprimerie…). Le produit final est élaboré à partir de deux-tiers de fibres recyclées et d’un-tiers de fibres vierges, issues de forêts gérées de manière responsable, provenant des sous-produits du sciage, complétés par des rondins d’éclaircie nécessaire à l’entretien de la forêt, principalement de l’épicéa. Le tout sourcé localement.
À terme, Norske souhaite aller plus loinGabriel Langlois, Directeur Achats Papiers et Cartons récupérés a récemment indiqué « Nous avons pour ambition de demeurer pionnier dans le recyclage, en passant, dès 2023, en 100 % fibres recyclées pour l’ensemble des papiers que nous allons fabriquer à Golbey. Ce passage engendre une nouvelle ventilation de nos approvisionnements en matières premières. Nous n’utiliserons plus de bois (plaquettes de scierie et rondins d’éclaircie) pour fabriquer nos papiers. A la place, nous aurons besoin de plus d’un million de tonnes de papiers et cartons recyclés par an, que nous pourrons acheminer par train ou par route, avec des camions roulant aux énergies alternatives. Nous aurons également besoin de 360 000 tonnes de bois de Classe B (bois de démolition), pour alimenter notre chaudière Biomasse et ainsi créer la vapeur nécessaire au processus de fabrication des deux sortes de papier ». |
Le rayon moyen d’approvisionnement des papiers récupérés est de 450 km autour de l’usine et 95 % sont collectés en France. Ainsi, la consommation de papiers usagés représente l’équivalent d’une collecte faite auprès de 60 % de la population française.
Le geste de tri des consommateurs est essentiel. « Malheureusement, depuis quelques années, nous constatons une dégradation de la qualité des papiers récupérés qui arrivent sur notre site » prévient Muriel Caniez, « c’est notamment le fait d’une collecte sélective toujours plus élargie. Dans le même sac, on peut désormais mettre papier, carton, boîtes métalliques, plastiques alimentaires ». Conséquence, dans son processus de production, Norske Skog Golbey retrouve environ 7 000 tonnes de plastique chaque année. Des plastiques dont la seule valorisation possible, une fois entrés dans le processus de production est la valorisation énergétique.
« Idéalement, le papier devrait être trié à part et non avec le reste des déchets recyclables dans le sac jaune » poursuit Muriel Caniez, « nous sommes conscients que ce n’est pas toujours facile d’avoir accès à un point de collecte différencié et que le bac jaune est une alternative commode pour bon nombre de personnes. Mais, le fait de vouloir tout collecter dans le même réceptacle a malheureusement un impact négatif sur la qualité du tri. Il faut que le grand public ait conscience de cela ».
Les consignes vont pourtant dans le sens d’une globalisation de la collecte. Sur son site, CITEO, par la voix de Anne-Sophie Louvel, Directrice services collecte sélective et territoires, précise que « dans les toutes prochaines années, tous les Français pourront mettre tous leurs emballages dans le bac jaune sans se poser de questions : bouteilles, flacons mais aussi pots, barquettes et films… C’est déjà le cas pour plus d’un Français sur deux (soit 35 millions de personnes) qui peut trier tous ses emballages sans exception ».
Dans ce contexte, Norske Skog Golbey travaille en concertation avec l’ensemble des acteurs concernés pour améliorer le geste de tri.
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L’exemple de l’usine de Norske Skog Golbey démontre que le papier a su trouver son fonctionnement dans l’économie circulaire.
Aujourd’hui notre pays recycle 66 % de sa production de papier, soit 5,3 millions de tonnes de papier par an de cartons, caisses en carton, journaux, emballages ménagers, magazines, etc.[1] Cette filière permet l’économie de 23 milliards de litres d’eau par an, l’équivalent de 8 000 piscines olympiques. 703 collectivités locales sont sous contrat avec CITEO, l’éco-entreprise créée par les entreprises du secteur de la grande consommation et de la distribution pour réduire l’impact environnemental de leurs emballages et papiers, ce qui permet à 99,7 % des Français d’avoir un accès au tri[2].
Pour aller plus loin dans sa démarche, l’usine de Golbey travaille activement sur la réduction de son empreinte carbone, sur l’optimisation de ses consommations d’eau et d’énergie, ou encore sur la valorisation de ses déchets. En réduisant sa consommation d’énergies fossiles et en développant des solutions logistiques innovantes avec ses partenaires transporteurs, l’empreinte carbone a baissé de 30 % en quinze ans. L’objectif est d’arriver à 55 % entre 2015 et 2030. Quant aux déchets, plus de 98 % sont valorisés en interne ou en externe.
Le site est certifié ISO 14001 (management de l’environnement) et ISO 50001 (management de l’énergie) et les papiers produits ont obtenu les certifications FSC, PEFC, Ecolabel Européen et Blauer Engel.
« Chez Norske Skog Golbey, l’environnement, et plus largement la responsabilité sociétale, sont des enjeux majeurs » conclut Muriel Caniez.
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Propos recueillis en juin 2021
[1] Source Planetoscope