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L’empreinte de l’écosystème du papier-graphique en France : sociale, économique et circulaire

3 juin 2020
Communication print

Tiraillée entre digitalisation et enjeux environnementaux, la filière papier-graphique est interrogée. Pour apporter des réponses, elle a mandaté un grand cabinet d’étude pour définir précisément les impacts sociaux et économiques de ses activités. Avec des résultats honorables, qui lui permettent d’envisager le futur avec confiance.

Bousculé d’un côté par l’avènement du digital, et de l’autre, par les nombreux questionnements faits au papier, notamment sur des aspects environnementaux, le papier graphique – celui destiné aux usages de communication, est challengé. Tant pis si les substituts aux papiers peuvent, quelques fois, se révéler de moins bons élèves sur ce point. Les pressions sont bien là, les interrogations posées sont légitimes et il faut leur apporter des réponses. De préférence globales.

C’est dans ce contexte que le collectif Culture Papier, a mandaté le cabinet EY pour réaliser une étude sur l’empreinte socio-économique de l’écosystème du papier graphique en France. En d’autres mots, comment la filière papier participe au dynamisme social et économique des territoires de l’hexagone.

Olivier Baboulet, Senior manager, Sustainable Performance & Transformation au sein d’EY France, a conduit cette étude, première de son genre. En six questions, il revient sur ses principaux chiffres, ses surprises et ses enseignements.

La Revue du Prospectus : comment mesure-t-on l’impact de tout une filière à l’échelle d’un pays ?

Olivier Baboulet : Ce type d’étude, qui s’appuie sur des techniques issues des sciences économiques, n’est pas normé. C’est à dire qu’il ne s’appuie pas sur un référentiel. Il y a donc une marge de manœuvre, d’interprétation, laissée à la discrétion du praticien. Nous nous sommes ainsi concentrés sur certains indicateurs macroéconomiques [NDLR : indicateurs sur lesquels les économistes se basent pour établir un diagnostic la situation économique d’un territoire], tels que la valeur ajoutée, les emplois soutenus ou encore les recettes fiscales.

Les données d’activités primaires (on parle aussi de données directes), c’est-à-dire spécifiques aux entreprises sous étude, ont été fournies par des acteurs d’interprofessions membres de Culture Papier. Les données secondaires, permettant de déterminer les impacts dans la chaîne de valeur (on parle alors d’impact indirect) et dans l‘économie au sens large (on parle alors d’impact induit), sont issues de l’INSEE et EUROSTAT. Le modèle utilisé se fonde sur l’analyse entrée-sortie.

LRDP : quels chiffres faut-il retenir de cette étude sur l’empreinte socio-économique de l’écosystème du papier graphique ?

OB : J’en vois trois principaux.

  • 0,7 % : comme la contribution de l’écosystème du papier graphique en France au PIB national. Soit près de 17 milliards €. Une contribution qu’on peut qualifier d’importante.
  • 311 000 : comme le nombre d’emplois soutenus dans cet écosystème. Ils se répartissent dans la filière bois, l’industrie papetière, les revendeurs, les concepteurs – tels que les agences de communication – les imprimeurs, les distributeurs de produits imprimés, les utilisateurs et la collecte-tri. Le papier fait vivre tout un écosystème dont les acteurs sont très liés les uns aux autres.
  • 75 % : comme le taux de recyclage du papier graphique, démontrant son rôle majeur dans l’économie circulaire. Au moment où d’autres industries risquent d’aborder ce modèle par la réglementation ou la contrainte, le papier a embrassé ces pratiques depuis plus de dix ans.

LRDP : quelle information ou quel résultat vous a le plus marqué ?

OB : Le nombre d’emplois en lien avec la distribution d’imprimés publicitaires non adressée : près de 30 000. Or, ce sont souvent des emplois ne nécessitant pas de qualification particulière, permettant à des personnes peu qualifiées et habituellement éloignées de l’emploi de postuler.

LRDP : à propos de l’imprimé publicitaire, vous avez également fait un focus sur le prospectus. Que nous apprend-il ?

OB : Le poids de l’activité du prospectus est significatif.

« Le prospectus représente près de 20 % du total des emplois et plus de 15 % de la contribution au PIB de l’écosystème du papier graphique. Son taux de recyclage tranche lui aussi, puisqu’il ’élève à environ 80 %, contre 59 % en moyenne pour les autres types de papiers »
Olivier Baboulet – Senior Manager, EY

D’un point de vue plus qualitatif, nous avons observé la prépondérance du prospectus dans certains modèles économiques d’imprimeurs français. Autrement dit, imprimer des prospectus, c’est aussi une façon de pérenniser des modèles de productions en grandes séries tels que les catalogues ou la presse sur le territoire national.

LRDP : et sur les aspects environnementaux, si souvent challengés pour le prospectus ?

OB : Ils sont importants. Même si le but de l’étude conduite n’était pas de les mesurer, il faut souligner que la pérennité d’un secteur économique passe aussi par sa capacité à s’adapter aux nouvelles spécificités du marché. Je soulignais dans votre précédente question la bonne contribution de la filière à l’économie circulaire. Ce sera certainement une des conditions de cette pérennité.

LRDP : en conclusion, le papier graphique c’est quoi en France ?

OB : en quelques mots, c’est un écosystème dont les acteurs sont très dépendants les uns des autres. En déstabiliser un, c’est déstabiliser les autres.

Je tenais également à attirer l’attention sur l’ancrage territorial de cet écosystème. Par exemple, la filière de collecte et de recyclage. À l’heure où les circuits courts et la chasse au CO2 deviennent importants, cette qualité est à souligner !

 

Les chiffres

  • 20% du total des emplois de l’écosystème du papier-graphique sont soutenus par l’imprimé publicitaire
  • Près de 80% de taux de recyclage pour les prospectus
  • 20 % des Français sont éloignés du digital

 

Méthodologie de l’étude EY

Le modèle utilisé par EY pour modéliser les retombées socio-économiques au sein d’un territoire donné s’appuie sur les travaux de l’économiste Wassily Leontief, qui lui vaudront d’ailleurs le Nobel d’économie en 1973. Ces travaux reposent sur l’utilisation de tables entrées-sorties symétriques permettant de modéliser les interdépendances entre l’ensemble des secteurs d’activité d’une économie donnée.

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Les impacts directs sont modélisés à partir de 5 secteurs de la filière papier graphique en France. Il s’agit des producteurs de papier graphique, fabricants de produits finis, agences de communication publicitaire, entreprises spécialisées dans la distribution d’imprimés publicitaires. Les impacts des fournisseurs de matières premières (bois, collecte, tri des déchets) sont eux capturés dans les retombées indirectes. Les producteurs de contenu éditorial, éditeurs et auteurs du livre et de la presse ne sont pas intégrés.

 

L’empreinte de l’écosystème du papier-graphique en France : sociale, économique et circulaire