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Système U : la responsabilité pratiquée à l’échelle locale

31 juillet 2020

Groupement de commerçants fortement investis dans leurs régions, Système U est l’enseigne du local. Au point d’avoir récemment annoncé le rapatriement de la production des prospectus en France. Son porte-parole, Thierry Desouches, revient sur cette décision, les prospectus en général, et le rôle d’un commençant sur son territoire.

En matière de prospectus, imprimé publicitaire ou flyer, quand la grande distribution s’exprime, les positions affichées sont multiples. Voire contradictoires. Entre ceux qui prônent sa disparition et ceux qui louent son efficacité, l’écart est grand. Et peu se risquent finalement à pronostiquer l’avenir de ce média.

Dans ce contexte, l’avis d’un des acteurs majeurs du secteur est précieux. La Revue du Prospectus a eu l’opportunité de rencontrer Thierry Desouches, porte-parole de Système U, qui, à l’occasion de l’annonce de son Président de la relocalisation sur le territoire national de la fabrication des imprimés publicitaires, a fait le point sur « l’état du
prospectus » dans son groupe. Et plus largement sur la responsabilité de l’entreprise.

A propos du groupe Système U

La Revue du Prospectus : pouvez-vous nous présenter votre entreprise en quelques mots ?
Thierry Desouches : J’ai coutume de dire que nous sommes les héritiers des épiciers de bourgs, aujourd’hui disparus. Que nous sommes plus commerçants que distributeurs. Nos 1 600 magasins, de tailles diverses, sont situés dans les zones rurales ou péri-urbaines de notre pays, dont plus de la moitié dans des communes de moins de 5 000 habitants.
La proximité, les territoires, le terroir, l’ancrage local ont toujours été notre terrain d’expression et nous y sommes très attachés.

LRDP : et en matière d’utilisation des prospectus ?
TD : Nous distribuons près de 750 millions de prospectus chaque année. Avec un pic au second semestre, forte période de promotions et d’activité avec les fêtes de Noël et le fameux catalogue de jouets. Le fort ancrage territorial que je vous indiquais, implique le recours aux prospectus et tracts. En effet, nos zones de chalandises sont, par nature, plus grandes, plus diffuses que leurs équivalentes urbaines, et nous avons besoin d’aller à la rencontre de nos clients pour les informer des opérations qui les intéressent. Ce média constitue un véritable lien avec nos clients. Nous apportons notre offre à leurs domiciles et nous savons que cela leur permet de faire la comparaison avec nos concurrents et de réaliser les meilleures affaires.
Dans le contexte actuel de reprise économique, et pour les mois à venir, c’est le retour en force de la défense du pouvoir d’achat !

Les enjeux liés aux prospectus

LRDP : on comprend que ce média n’est pas remis en question chez vous, mais il n’échappe pas pour autant à certains questionnements, pour ne pas dire pressions ?
TD : Absolument et j’ajouterais que les choses ne sont jamais aussi simples qu’il n’y paraît. Je vous donne un exemple : en matière de consommation, si nous proposons des cerises du Chili en hiver, nous aurons des clients qui contesteront ce choix et d’autres qui nous reprocheront de ne pas en mettre en rayon. En matière de prospectus, c’est la même chose. Certains critiqueront si nous en distribuons… et ce sont les mêmes qui viendront les réclamer en magasin parce qu’ils n’ont rien reçu !
Le consommateur est multiple dans ses profils et paradoxal dans ses comportements. Nous devons composer au quotidien avec ces injonctions contradictoires.

LRDP : vous avez une recette, une méthode ?
TD :
Oui, nous rencontrons, nous écoutons, nous dialoguons. L’essence même d’un commerçant, c’est d’être à l’écoute de son environnement. Un environnement composé de groupes d’influence, de clients, de médias, etc. Avec cette démarche, nous sentons bien que des aspirations sont exprimées et que l’affrontement ne mène nulle part. Pas plus que de jeter des anathèmes ou chercher un coupable unique. Le temps passé à chercher ce coupable, c’est autant de temps perdu à trouver des solutions ! Je crois que le temps des postures idéologiques doit cesser pour permettre de se consacrer pleinement aux solutions. Aujourd’hui, toutes les entreprises ont la volonté d’intégrer une part de responsabilité, de se poser la question de leur rôle, leur destination.

LRDP : justement, le prospectus, le catalogue, le flyer, sont-ils des supports de choix pour communiquer sur cette responsabilité ?
TD : Nous essayons de le faire. Quand on compare les prospectus d’il y a 20 ans avec ceux que nous faisons maintenant, on voit qu’il y a plus de matière, plus d’éléments. Mais, attention ! Le prospectus reste un prospectus et ce sont bien les prix et les offres qu’attendent ses lecteurs-utilisateurs.

« En résumé, nous pouvons faire la synthèse dans un format harmonieux, mais il ne faut pas se tromper d’objectif final ! Le consommateur attend une offre commerciale pertinente et pas un discours sur les bonnes actions de l’enseigne »
Thierry Desouches – Porte-Parole, Système U

 

LRDP : pas question de supprimer le prospectus alors ?
TD :
Ce n’est pas à l’ordre du jour ! Mais nous sommes néanmoins vigilants sur ses aspects environnementaux, avec le plus d’écoconception possible, et ses aspects sociétaux, en veillant au strict respect du « stop-pub » notamment. J’ajoute que le digital, dont on entend beaucoup parler, est à mes yeux une évolution sur le long-terme. Au moins une génération avant d’éventuellement remplacer le papier.

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Patriotisme économique ou dynamisme des territoires ?

LRDP : à propos d’aspects sociétaux, votre Président Dominique Schelcher a récemment déclaré rapatrier la fabrication des prospectus sur le territoire français. Pur patriotisme économique ?
TD : En tout cas par cohérence avec nos valeurs. Nous prônons le dynamisme des territoires sur lesquels nous opérons. C’est une façon d’y participer en faisant travailler les acteurs locaux. Bien-sûr on pense aux filières alimentaires, nous savons qu’elles souffrent et qu’il est important de les soutenir en achetant auprès d’elles, quitte à mettre de côté la seule recherche du meilleur prix d’achat.
Mais cela est vrai aussi pour les entreprises sous-traitantes de nos magasins : carreleurs, électriciens, ou encore les imprimeurs. N’oublions pas que ce tissu économique est composé de personnes qui viendront faire leurs courses chez nous. Et je peux vous dire que nos clients y sont sensibles. Tous ont de la famille dans ce tissu économique local et reconnaissent notre implication de long-terme en ce domaine.

LRDP : cette décision a-t-elle un coût ?
TD :
Oui, il est de l’ordre de 500 000 € pour le deuxième semestre de cette année. Le tout payé par les magasins. Je rappelle que nous ne sommes pas une structure centralisée qui piloterait Les décisions du groupe en matière d’investissements et de développement. Ce sont bien les 1 600 magasins qui investissent dans leurs outils de production et doivent continuer à gagner de l’argent pour payer les salaires, les taxes, les fournisseurs, etc. Les résultats sont, au final, toujours constatés localement.

En conclusion, je dirais que ce n’est pas une solution que d’acheter systématiquement au-delà de nos frontières. En privilégiant le local nous sommes acteurs de l’aménagement des territoires.

 

Pour aller plus loin

uniic

L’UNIIC (Union Nationale des Industries de l’Impression et de la Communication) est revenue sur le choix de Système U de rapatrier l’impression de 350 millions de prospectus dans l’hexagone avec le Président du Groupement, Dominique Schelcher.

Découvrir l’interview

 

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